[AVIS] The SILVER CASE 2425

C’est sous le titre The Silver Case 2425 que les deux titres issus de l’imagination de SUDA51, The Silver Case et The 25th Ward: The Silver Case sont aujourd’hui réunis sur Nintendo Switch.

Initialement paru sur Playstation en 1999, The Silver Case nous place au centre d’une enquête criminelle s’intéressant à de mystérieux meurtres commis au sein du 24ème arrondissement. Kamui Uehara, un tueur en série légendaire est dans un premier temps soupçonné mais personne ne peut affirmer aujourd’hui qui il est réellement. Est-il vraiment de retour?

Paru 6 ans plus tard, d’abord sur mobile, The 25th Ward: The Silver Case se déroule 5 ans après les évènements de The Silver Case. Le meurtre d’une femme marque le début d’une série d’évènements apparemment sans lien, mais au fur et à mesure que l’enquête progresse, un mode opératoire troublant se dessine…

Pour public averti

The silver case

Issu de l’imagination fertile mais alambiquée de Suda51 (No More Heroes, Killer7) The Silver Case est le premier jeu de son studio Grasshopper. Jeune studio avec peu de moyen, le choix du visual novel s’est rapidement imposé. Ne vous attendez donc pas à un titre complexe visuellement parlant ni à une débauche d’action, tout juste quelques rares séquences de gameplay vous invitant à vous rendre d’un point A à un point B, une pointe de FMV, quelques énigmes et du texte, beaucoup de texte. A noter que les deux titres ne sont proposés qu’en anglais, les réfractaires à la langue de Shakespeare sont donc avertis.

Il est toujours délicat de parler de visual novel, le principal intérêt de ce genre de titres résidant bien évidemment dans l’histoire dont il faut laisser le plaisir de la découverte. Intéressons nous donc plutôt à la dynamique de la mise en scène, assez similaire entre les deux titres, puisque Grasshoper a opté pour quelque chose de légèrement différent de ce que l’on a l’habitude de voir à notre époque. Ici, point d’avatar omniprésent qui nous délivrent leur texte mais plutôt une fenêtre assez austère qui ne s’embarrasse pas de fioritures. Elle est accompagnée d’une autre fenêtre dans laquelle est affichée les scénettes narratives, avec un rendu qui reflète son époque. C’est la conjonction de ces deux éléments qui montre qu’un manque de moyen peut être comblé par des idées, le(s) titre(s) bénéficiant ainsi d’un certain dynamisme auquel on pouvait ne pas s’attendre en premier lieu.

Les titres bénéficient de l’excellent character design de Takashi Miyamoto qui donne à l’ambiance des titres leurs lettres de noblesses. L’ambiance musicale est quant à elle ancrée dans son époque, avec une utilisation des synthés que l’on a plus forcément l’habitude d’entendre.

Témoignage du passé

Sans en dévoiler le contenu, l’histoire pourra paraître « compliquée » dans son exécution. Dans The Silver Case par exemple, la narration sera suivie suivant deux points de vue: l’équipe en charge de l’enquête (piste Transmitter) et celui d’un journaliste (piste Placebo).  Le scénario des deux parties n’étant pas confié aux même personnes, Suda51 s’occupant de la partie Transmitter et Masahi Ooka de la partie Placebo, on se retrouve avec quelque chose d’un peu foufou et désorganisé coté Transmitter et quelque chose qui tente de raccrocher les wagons coté Placebo, quitte à revivre des éléments déjà explorés dans l’autre partie. L’expérience sera assez similaire pour The 25th Ward: The Silver Case, avec 3 histoires vécues dans un premier temps indépendamment pour finalement se rejoindre.

Alors que penser de ces deux titres à notre époque? Cette question est irrémédiablement difficile. Certains crieront au génie, qu’ils sont intemporels et d’autres, au contraire, que ces titres doivent se contenter de faire partie de l’histoire en tant que reflet d’une époque. Et chacun aurait raison. Ces titres blahblahteurs au possible, décousus, qui se perdent parfois dans l’exploratoire, transpirent l’ADN de Suda51 et restent la porte d’entrée du monde sans égal du créateur. A ce titre, ils méritent une place de choix au panthéon du jeux vidéo. Mais ces titres se retrouvent désormais bien loin des standards de 2021, issus de longues années de déclinaisons identiques de la même soupe. Les joueurs auront-ils l’envie de perdre leurs repères et de s’aventurer vers l’inconnu au risque d’être déçus? Rien n’est moins sûr.

En conclusion
Au même titre qu'un Warhol, Suda51 n'a pas de limite, on aime ou on déteste, on est intrigué ou insensible. Il n'y pas de juste milieu. Si The Silver Case 2425 est le reflet incontestable d'une époque, il est désormais bien loin des standards qui se sont imposés au fil du temps. C'est pourquoi l'œuvre de Suda51 est intemporelle, elle ne suit aucun code. Cette compilation sera donc à réserver à un public averti, qui saura pardonner quelques errements pour apprécier l'œuvre dans son ensemble. Les autres passeront leur chemin, en ayant manquer quelque chose qui ne leur manquera pas, paradoxal...tout comme Suda51.
J'aime:- Un coté exploratoire intéressant
- Un titre qui n'a pas vieilli mais qui reste ancré dans son époque
- On a pas de moyens mais on a des idées

Je n'aime pas:- Ca part parfois dans tous les sens
- Réservé à un public de niche
Support: Switch, PS4 Editeur: NIS America  – testé sur Switch à partir d’une copie fournie par l’éditeur.