Le japonisme de Giuseppe de Nittis

Giuseppe de Nittis (1846-1884) est un peintre italien ayant accompli l’essentiel de son œuvre à Paris. Il demeure l’un des peintre le plus célèbre de l’ottocento italien de la région des Pouilles (il fit son apprentissage auprès du peintre local Giovanni Battista Calo à Barletta). Il est associé au mouvement des Macchaioli (mouvement pictural né à Florence dont la peinture s’effectue par « taches » s’opposant ainsi avec l’académisme ambiant) et de l’impressionnisme. Il est ainsi la figure la plus marquante parmi les artistes italiens vivant à Paris dans la seconde moitié du XIXème siècle : il s’établit dans la capitale en 1868 et devient rapidement l’ami de Caillebotte, de Manet et de Degas. Il exposa ses œuvres à la première exposition impressionniste de 1874 dans l’atelier de Nadar.

 

Giuseppe de Nitis

Giuseppe de Nitis. Le kimono couleur orange. 1883-1884.
Huile sur toile. 42 X 31 cm. Collection particulière.

 

De Nittis fut un enthousiaste du mouvement du japonisme pictural qui commençait à devenir populaire parmi les impressionnistes. Aux côtés d’Edmond de Goncourt et du critique Philippe Burty, mais aussi des japonisants Émile Zola, Louis Gonse, De Nittis est un amateur passionné d’art japonais. Il collectionne de manière active des objets d’art et estampes japonaises. Dans son Journal, Goncourt décrit la luxueuse demeure de l’artiste : « C’est le petit hôtel, le domestique en cravate blanche, l’appartement au confort anglais, où l’artiste se révèle par quelque japonaiserie d’une fantaisie ou d’une couleur adorablement exotique. Et De Nittis a chez lui des foukousas, qui font les plus claires et les plus gaies taches aux murs. Il y a entre autres, des grues d’une calligraphie un peu baroque, jetée sur un fond rose groseille, qui font la joie des yeux ».

Ce goût pour le Japon, que De Nittis partage avec d’autres artistes tels Degas et Manet, se retrouve également dans ses tableaux. Dans les années 1878-1881, De Nittis représente fréquemment à l’arrière-plan de ses tableaux des paravents qui lui ont vraisemblablement appartenu. Il exécute à plusieurs reprises des peintures en forme d’éventail avec des motifs et des techniques d’inspiration japonaise.

De Nittis, même s’il peignit de nombreuses scènes de ville et de la modernité, fut un grand peintre de femmes. Avec cette peinture intitulée Le kimono orange, les deux thèmes qui lui sont chers (le Japon et la beauté féminine) se trouvent combinés. Dans cette toile le modèle nous tourne le dos, forçant le spectateur à se concentrer sur les somptueuses couleurs et la volupté du tissu du kimono. Le vert dominant du paysage indistinct en arrière-plan ne semble être ici qu’un prétexte pour faire resurgir avec plus de force cet orange à nos yeux. Peintre de la vie moderne, ce kimono est un témoignage de la mode japonisante adoptée par les jeunes femmes parisiennes de son époque.

-Article rédigé par Tony-